• Samedi 4 février

    Un jour à Bucarest et situations de crise en Roumanie

    Période de soldes en France, je me décide pour un nouveau congélateur appelé România. La température y monte rarement au-dessus des -10°C. Ca semble une belle occasion à saisir.

    Le magasin étant à l'autre bout de l'Europe, je prends l'avion pour m'y rendre. Trois autres clients sont sur le même coup que moi. Je ne me suis pas trompé, ça doit vraiment être un bon produit. Nous survolons de beaux paysages et des villes réputées mais tous sont visibles de l'autre côté de l'appareil, en dehors de la Forêt Noire. Ca y est, le mot est lâché. J'ai faim parce qu'il est l'heure de déjeuner et que je n'ai rien dans le ventre. Que nous propose la compagnie ? Un petit sandwich au fromage. Si on ne peut pas atterrir à l'heure, je vous préviens, j'attaque la mousse des sièges ou les accoudoirs. A posteriori, cette sensation était agréable parce que c'est la seule fois où j'ai eu un peu faim avant une semaine de haute gastronomie en quantité plus que généreuse.

    Le temps se couvre et la neige se présente. Bienvenue en Europe de l'Est ! La zone agonise actuellement dans la froidure inhabituelle de l'hiver et des pertes humaines sont malheureusement à déplorer relatent les médias ces derniers jours. Et nous allons progressivement en prendre l'ampleur au fil du séjour. De chaque côté de la piste, des congères se sont formées également aidées par une armada de chasse-neige en action.

    Sur le tarmac, l'avion suit la voiture jaune portant l'inscription "Follow me". Au moins, il y a quelqu'un qui comprend l'anglais dans cet avion...  Et nous avons bien fait de la suivre car elle nous accompagne jusqu'au terminal. Nous n'aurons pas à descendre directement sur le tarmac pour prendre un bus et pouvons nous préparer plus longuement à l'atmosphère froide du dehors. Enfin ... surtout pour celles et ceux qui ne se prennent pas d'ordinateur roumain sur la tête. Ne t'en fais pas E., tu ne l'as pas abimé son ordinateur ! Au fait, ça va ?

    Mon guide de Roumanie indique n'"achetez pas vos devises dans l'aéroport" alors bête et indiscipliné, je décide d'en acheter quand même. Pas au premier guichet parce que là c'est vraiment pour les pigeons, plutôt au second guichet, celui des pigeonneaux. Youpi, je viens de faire le casse du siècle et de gagner 0,05 centimes en pleine crise économique planétaire ! En même temps, j'étais contraint de changer ici parce qu'après on part directement à la campagne je pense et il sera plus dur de retirer des lei (la monnaie roumaine qui signifie lion). Il me faut bien quelques espèces pour pouvoir acheter le minimum vital de ce jour alors je convertis très peu.

    Plus qu'à attendre les bagages. Premiers tours de tapis : pas de bagage en vue. Tours suivants de tapis, toujours pas de bagage à nous et le terminal commence à se vider. J'ai envie de m'asseoir sur le tapis et de faire des tours pour tuer le temps mais comme je ne souhaite pas terminer à l'asile (ce n'est pas le but de ma venue), je me retiens tant bien que mal. Alors j'attends et compte les tours de tapis à la place des moutons. Il n'y a plus que des touristes dans le hall, une poignée tout au plus. Ca serait quand même bête de se retrouver en tenue relativement légère par les températures actuelles bien que j'ai prévu au cas où... Et puis tout à coup, nos premiers bagages du groupe pointent le bout de leur nez. Il était temps !

    Nous quittons le hall des arrivées et découvrons une jeune femme, notre guide, Luminița. Elle aussi était quasiment en train de s'endormir à nous attendre surtout que l'aéroport est surchauffé.

    Nous devons gagner le centre-ville en bus mais le prochain est dans une bonne dizaine de minutes alors on en apprend un peu plus sur notre journée. Nous ne pourrons avoir le train de 17h alors nous prendrons celui de 21h25 et entretemps découvrirons la ville à pied. En 40 minutes chrono, nous sommes déposés à la Gare du Nord, dans le centre. Nous laissons les bagages à la consigne, comme quoi nous avions bien fait de convertir des euro en lei.

    Et c'est parti pour la découverte de la capitale. J'ai très rarement aimé visiter ce genre de ville car elles sont froides, austères, surpeuplées et manquent de caractère. Ca suffit ou j'en rajoute ? Bucarest n'échappera pas à la règle. Vivement la campagne !

    Pour commencer nous prenons le métro pour nous rapprocher des sites à parcourir. Il y a 4 lignes dans la métropole roumaine et nous empruntons la circulaire. La station est immense et la rame de métro est également bien large. Ca change de par chez nous !

    Station de métro de la Gare du Nord

    Nous descendons à la place Unirii, une très vaste esplanade entourée de hauts immeubles relativement modernes, eux-mêmes surmontés de panneaux publicitaires XXL. En faisant preuve de mauvais esprit, quelqu'un suggère qu'il n'y a que les façades. Je n'aurais pas osé... La neige est partiellement fondue sur la route donc la traversée des artères nous oblige à éviter les grandes flaques. En peu de temps, nous parvenons aux premiers sites d'intérêt : une modeste église orthodoxe jouxtant la Curtea Veche, la Cour Princière. Devant cette dernière aujourd'hui à l'état de vestige, une statue de Vlad Tepeş ou Vlad l'Empaleur. Celui-ci fut d'abord janissaire dans l'armée turque dans sa jeunesse avant de devenir Prince de Valachie (une des trois provinces à l'origine de la Roumanie actuelle) et d'affronter cruellement les ottomans. Il fut également dur envers les marchands allemands de Transylvanie, recourant généreusement au pieu auquel il doit son surnom. Sa personne fut récupérée et adaptée pour devenir le célèbre Dracula bien connu aujourd'hui dans le monde entier.

    Eglise orthodoxe Curtea Veche

    Nous poursuivons ensuite avec le quartier ancien aux nombreuses façades tantôt délabrées, tantôt rénovées. Pendant longtemps personne ne savait à qui certaines appartenaient alors elles ont été laissées à l'abandon jusqu'à ce que l'Etat les réquisitionne mais, faute de crédits à leur consacrer et de volonté suffisante, la dégradation se poursuit. Leur rez-de-chaussée est occupé par tout un tas de commerces qui créent une animation durant la période estivale avec des terrasses bondées. Nous sommes à Lipscani.

    Lipscani Lipscani Lipscani

    Nos pas, et plus encore notre guide, nous conduisent devant d'imposants édifices à colonnades comme la Banque Centrale ou le Cercle Militaire.

    Banque Nationale Cercle militaire

    Par un passage couvert de vitres et à la décoration fort égyptienne, nous revenons devant la Banque Centrale avant de gagner la rivière traversant la capitale : la Dâmbovita. Inutile de préciser qu'elle est totalement gelée actuellement avec le froid mordant. Cette traversée nous rapproche un peu plus "du" monument de Bucarest moins déconcertant par sa beauté que par sa démesure. Quelques chiffres permettent de s'en convaincre : avec ses 270m de long, 240m de large, 1000 pièces, 12 étages de surface et 8 (?) en sous-sol, c'est le plus grand édifice d'Europe et le 2nd au monde derrière le Pentagone. Un témoignage de la mégalomanie d'un homme : Ceauşescu. Lorsqu'il connut sa fin avec la révolution, terminer la construction du Palais du Peuple comme il voulait l'appeler, coûtait moins cher que de le raser. Aujourd'hui, le bâtiment abrite le Parlement quand celui-ci n'est pas en grève rémunérée. Vous avez bien lu, on a beau être doué en France, il nous reste encore des progrès à faire même dans ce domaine. Le nom officiel est désormais Palais du Parlement.

    Palais du Parlement

    Entre cet édifice et le fleuve se trouve un vaste parc qui disparaîtra à l'avenir en grande partie pour laisser la place à une immense cathédrale. La folie des grandeurs ...

    Notre errance se termine par deux sites religieux : d'abord le monastère Antim richement décoré tant à l'intérieur qu'à l'extérieur puis par le plus joli endroit de cette fin de journée à mes yeux, la colline du Patriarcat. Celle-ci abrite une église joliment parée ainsi que le palais du Métropolite, une très haute autorité religieuse. Première découverte des rites orthodoxes car un office est en cours et permet de commencer à s'imprégner de la ferveur des fidèles.

    Monastère Antim Colline de la Patriarchie Colline du Patriarcat

    Au pied de la colline, nous retrouvons la place Unitii et regagnons la gare par le métro. Pour reprendre des couleurs autres que le bleu Schtroumpf, nous nous réfugions dans un café. La carte propose des frappés glacés. A se demander qui est le plus frappé ? J'opte pour le chocolat viennois avec son supplément de crème. Un délice visuel et gustatif !

    Nous profitons également de l'attente de notre train dans ce coin chauffé pour commencer à découvrir le pays.

    [ENTRACTE : si ça ne vous intéresse pas aller à FIN DE L'ENTRACTE]

    L'économie

     La vie semble relativement difficile dans le pays, les salaires étant très faibles globalement : 200€ au minimum, 300€ pour un enseignant d'où une désaffection pour cette profession, 500 à 600€ en moyenne. Le problème c'est que le loyer peut facilement équivaloir le salaire minimum et qu'il doit être acquitté en euro ! Une double peine entre faible salaire et obligation de perdre du pouvoir d'achat en convertissant son argent. En période hivernale, une frange de la population est ainsi contrainte d'arbitrer entre l'indispensable et se chauffer. Au quotidien, tous ne s'assurent pas au mieux. La solidarité familiale peut parfois adoucir les difficultés par l'envoi de denrées alimentaires depuis les campagnes autosuffisantes.

    Nous avons eu du mal à bien comprendre mais il semblerait que 40% du salaire serve à payer les impôts. Il n'y a pas d'impôt sur le revenu et les prélèvements incluraient une sorte de mutuelle qui n'existe pas sous cette forme en Roumanie.

    Enfin, le poste automobile est également un gouffre financier car il faut régler des taxes lors de l'achat qu'il soit fait à l'étranger ou au pays, qu'il s'agisse de neuf ou d'occasion. Il faut également se procurer une vignette alors que le réseau autoroutier est très peu développé avec trois très courts tronçons. Quant au prix de l'essence, il est à peine inférieur de 20 centimes par rapport à chez nous mais le niveau de vie n'est pas le même ...

    Relations avec le voisinage

     Les relations avec les pays voisins sont globalement tendues. Des différends territoriaux existent avec la Hongrie comme nous le verrons plus tard, avec la Moldavie et avec l'Ukraine. Quant à la Serbie et à la Bulgarie, il n'y a pas d'entente particulière. Concernant l'Ukraine, la confrontation a porté sur une petite île au large des côtes roumaines. Jusqu'à présent, elle était roumaine mais la découverte de gaz dans les environs et sa position dans l'axe de la frontière ont suscité la convoitise du voisin. Celui-ci a donc installé quelques animaux domestiques sur cette île inhabitée puis a saisi le Conseil de l'Europe pour la revendiquer. L'Ukraine a obtenu gain de cause au moins en partie mais la Roumanie conserve 75% des étendues marines autour, celles qui abritent majoritairement les richesses en sous-sol. Le voisin fait donc la moue.

    [DEBUT DU SOUTIEN AUX MANIFESTANTS DE ROUMANIE]

    Situation politique

    La Roumanie actuellement, c'est donc une météo catastrophique pour ses habitants. Mais une seconde crise couve depuis quelques semaines, très peu relayée dans notre pays : la crise politique et sociale. Pour ma part, je n'en avais conscience que par un entrefilet dans un journal gratuit. Depuis quelques temps, la population descend dans la rue pour montrer son hostilité au Président Bǎsescu. Celui-ci impose des mesures sans accord du Parlement (qui est en grève rémunérée) et prend des décisions impopulaires pour juguler la crise à l'image d'une hausse de la TVA de 5 points de 19% à 24% y compris sur l'alimentaire ou d'une baisse de 25% des salaires. Parallèlement, le niveau de corruption est tel que la Roumanie est, sur le sujet, comparable à la Russie ou l'Albanie. Ce n'est pas un compliment et un malheur pour la population.

    En conséquence, les gens se sont rassemblés pour manifester leur mécontentement. D'abord les retraités rapidement rejoints par des mécontents de la situation. Les manifestations ne sont pas énormes si l'on compare à un pays comme le nôtre où la grève est une institution mais pour là-bas c'est une mobilisation d'ampleur en raison de l'absence d'une culture de la revendication héritée de la période communiste : 3000 à 4000 personnes ont défilé à Bucarest (2 millions d'habitants) et des cortèges de plusieurs milliers de personnes dans les grosses villes comme Cluj-Napoca, Sibiu ou Braşov largement moins peuplées. La réaction de certains Ministres du gouvernement a été de dénigrer les gens qui se mobilisent pour défendre leurs valeurs et dénoncer les politiques corrompus ou les mesures injustes : ces Altesses, Souverains de la Corruption, les ont publiquement traités de "vers". Et les contestataires de répondre par l'humour en se baptisant à Bucarest les "Vers indignés" ou à Cluj les "Jeunes Furieux".   La mobilisation passe par Facebook d'un côté. De l'autre, on essaie d'identifier les manifestants pour leur infliger des amendes dépassant les 1000€. Le régime n'a sûrement rien à se reprocher par de tels agissements ...

    Le problème pour les opposants, c'est cependant que la Roumanie est dans l'impasse car ils souhaitent renverser le Président mais sans vraiment y croire car les alternatives ne sont pas crédibles. D'un côté, il y a l'opposition mais comme toute la classe politique vient de l'ancien parti communiste et change de couleurs au gré des opportunités personnelles, elle ne suscite pas de grands espoirs. De l'autre côté, il y a les leaders de la contestation qui doivent faire face à différents problèmes au rang desquels leur impossibilité de créer un parti car il est nécessaire de justifier de certaines réserves financières. Le pays dispose actuellement de 4 partis principaux, bonnet blanc et blanc bonnet, et d'une quinzaine en tout. Le parti communiste n'existe plus. Des élections parlementaires vont se dérouler en 2012 (mandat de 4 ans) puis présidentielle en 2014 (mandat de 5 ans). Le paysage politique devrait donc en partie se renouveler.

    Crispation environnementale

    Un dernier point est sujet à contestation : un projet d'accorder l'exploitation d'une mine d'or de Roşia Montanǎ [en Taansylvanie, centre du pays] à un consortium canadien. Elle est déjà en activité mais la discorde tourne autour de l'utilisation de cyanure par le nouvel entrant et du fait de brader les ressources du pays alors que le gouvernement va empocher des pots de vin dans l'opération (Déclaration du cher Président corrompu à l'université d'été de Sulina : "Le projet de Rosia Montana doit être fait, à condition de renégocier le partage des bénéfices". J'interprète à peine sur la corruption...). De plus, le Président s'était fait élire sur la promesse de ne pas céder sur ce point alors le retour en arrière n'est pas apprécié. La décision ne tient plus aujourd'hui qu'à la validation de l'accord par le Ministre de l'environnement qui doit intervenir à la fin du mois. Une partie de la population dénonce les atteintes irréparables à l'environnement avec le dynamitage de montagnes et la pollution des sols, la création temporaire d'emplois en attendant de tout automatiser, les atteintes sur la santé dans le voisinage de la mine et la destruction d'un patrimoine remontant aux Daces et aux Romains. Et la Hongrie de se prononcer en défaveur du projet à cause de la pollution également. Pourtant, le gouvernement matraque les gens de spots TV où quelques riverains grassement payés vantent les mérites du projet canadien sans évoquer le moindre point faible. J'ai pu le voir lors de mon séjour.

    Un précédent existe au Honduras qui contredit la version officielle et se rapproche de la version des opposants. Voici le lien où l'on voit les effets sur les gens ou l'environnement : http://www.admagazin.com/social/documentar-bolile-si-distrugerile-facute-de-gabriel-resources-in-honduras-si-guatemala-urmeaza-rosia-montana/. Le film est plutôt éloquent ! Et un précédent voyage personnel en Mongolie m'a déjà montré les ravages de l'exploitation de l'or par des compagnies occidentales : les rivières étaient définitivement asséchées après le détournement de cours d'eau et la population regrettait d'avoir vendu pour une bouchée de pain ses propres richesses. En exclusivité dans mon blog de Mongolie, partie désert de Gobi.

    A nous de choisir entre l'argent et la préservation de notre environnement. Le peuple roumain est en train de choisir ... Les équatoriens sont déjà dans cette voie. Et nous quand l'emprunterons-nous ?

    [FIN DE L'ENTRACTE ET DE MA CONTESTATION]

    Ces sujets d'actualité, nous allons pouvoir les suivre au plus près tout au long de notre séjour via la télé et les habitants rencontrés. Ils feront partie de mon récit car plusieurs événements se sont produits pendant que nous étions là-bas et que nous avons eu la possibilité d'entendre à la fois la version officielle et la version officieuse.

    Le temps au café s'est arrêté puisque nous sommes au chaud. Mais l'heure du départ finie toutefois par s'approcher. Nous récupérons les bagages à la consigne puis rejoignons notre wagon, comme par hasard en tête de train. Il reste très peu de temps avant le départ. Nous inaugurons alors une partie de Tétris humain : nous partageons notre compartiment à 4 mais entre les bagages principaux, les sacs à dos pour la journée et les personnes, l'espace disponible se réduit à peau de chagrin. Excusez pour le rangement, on arrivait tout juste. Après la photo, on a fait le ménage.

    Couchette

    La guide qui nous a gentiment laissés ensemble, nous taquine car elles ne sont que deux dans son compartiment et que sa voisine descend plus loin qu'elle. Je réplique qu'il n'est jamais trop tard pour qu'un ronfleur vienne s'installer en plein milieu de la nuit à une station intermédiaire. Après tout, ça ne vous est jamais arrivé ?

    Nous passons la première partie de soirée tous ensemble à discuter car il n'y a rien à la télé. D'ailleurs, il n'y a même pas de télé donc ceci explique cela. Puis Luminița va chercher nos cadeaux : de magnifiques draps en soie. Pardon je rêvais... De délicieux draps en papier faits main et une couette bien chaude. Il ne reste plus qu'à se laisser bercer par le doux roulis du wagon, la tête et les pieds touchant chacun une paroi opposée. J'adore le train de nuit ! Là c'est vraiment sincère, ça se saurait si je plaisantais tout le temps. Il suffit juste de dormir en chien de fusil. Et pour terminer à la Nicolas Hulot : Bonsoir !

    PS : Et si on tambourinait en morse sur la paroi pour communiquer avec la guide, elle serait peut-être contente ?

      


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